Insignes des Art et des Lettres

Mercredi 18 septembre 2013 -

Cérémonie de remise des insignes de Chevalier des Arts et des lettres, nomination de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et remise par le président du Conseil Constitutionnel Jean-Louis Debré.

Il arrive, sûr de lui, avec ce projet fou : composer un disque contenant tous les cris des animaux, pour y capter les rugissements, les vagissements, les feulements, les râles... de toutes les bêtes sauvages jusqu'aux plus petites créatures. Normal, il s'appelle Fauves, c'est une superstar du show-business, il remplit les stades où ses milliers de fans se retrouvent avec des masques de... Fauves. On ne lui a jamais rien refusé. Alors, quand un jour de novembre il propose ce projet démentiel à Michel Beaufort, directeur du label Philips au sein de la multinationale Universal, Fauves, la star de la world music, géniale et capricieuse, ne comprend pas qu'on lui tienne tête. Michel Beaufort, cinquante cinq ans, a dit non, et d'un geste vif. Fauves est accompagné de sa magnifique femme, Aurélie, la trentaine, célèbre grand reporter. Pendant que son homme tentait de convaincre Michel, elle n'avait d'yeux que pour ce dernier. Dans les premières pages, on a le sentiment que l'écrivain René Guitton met en place la classique histoire d'amour à trois – il nous avait habitués à des textes sérieux, notamment deux livres nécessaires : Si nous nous taisons et Ces chrétiens qu'on assassine (prix des Droits de l'homme).

C'est vrai que Mémoires Fauves est le récit d'un trio, un thriller psychologique sur trois mois intenses. C'est vrai qu'il semble pencher vers une histoire sentimentale avec ce quinquagénaire solitaire et blasé qui dit "ne s'être jamais senti aussi heureux que dans cette solitude entre des amours en trompe-l'œil, toutes belles, toutes fausses", dans ce "doux état de liberté".

"Un passé encombrant"

Mais l'auteur va bien au-delà. René Guitton retrouve la profondeur de sa démarche, son engagement de toujours, son inlassable travail de témoin. Car, Fauves, derrière cette arrogance, cache "un passé trop encombrant" - que l'on revisite dans la deuxième partie du livre. À travers ce roman, l'écrivain dénonce la tradition barbare qui autorise, au vu et au su de la famille notamment, l'esclavage sexuel - il n'y a pas d'autres mots – que subissent les enfants. René Guitton a choisi le décor de l'Afghanistan, mais le pire, si l'on ose dire, est que cette pratique, pourtant officiellement illégale, n'est pas que le fait des talibans, mais de tous les potentats. Les scènes que décrit René Guitton restent factuelles. Il n'en rajoute pas. Et ce n'en et que plus fort. Au fond, l'écrivain n'a jamais cessé de témoigner.

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