Eros plaisance

Abraham littérature de l'imaginaire ? Communication faite à l'Université de Messine (Italie)

Texte publié dans la Revue Plaisance n°3-2004.

Depuis près de douze années je suis en quête de mystère d’Abraham.
Lorsque j’ai entrepris mes travaux dès 1992, la valeur symbolique du premier des Patriarches ne s’inscrivait pas dans l’actualité, avec l’acuité qui l’impose aujourd’hui, de manière aussi brûlante.
Puisqu’il a tant sollicité d’espaces imaginaires depuis les origines et qu’il continue d’en susciter chaque jour, j’ai choisi de nous interroger sur ce que le mystère d’Abraham tient ou non d’une réalité historique, d’un imaginaire inventé par des scribes féconds, ou bien s’il tient d’une savante rencontre de l’histoire et de la fiction. Ainsi, pour travailler à l’édification de son sens, nous interrogerons-nous sur Abraham : mythe, légende, ou réalité.
Pour les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans, soit plus d’un milliard et demi de croyants, Abraham symbolise le principe fondateur de leur religion respective. C’est donc pour rappeler la puissance de cette valeur commune que j’ai parcouru, physiquement et intellectuellement, les lieux de la pérégrination supposée du Patriarche, sur les rives méditerranéennes orientales et occidentales, depuis Ur en Chaldée, Babylone au sud de la Mésopotamie, (Irak aujourd’hui), en remontant l’Euphrate jusqu’en Syrie, puis Turquie, Liban, la Vallée du Jourdain, Israël, Palestine, l’Egypte et enfin la Mecque en Arabie Saoudite.
Dans ces pays, j’ai étudié la littérature sacrée des trois religions, Ancien Testament, Nouveau Testament et Coran, ainsi que les ouvrages parallèles aux canons, retenu ou non par les dogmes et ce jusque dans la littérature générale contemporaine, en ses approches multiples : archéologiques, historiques, psychanalytiques, religieuses, philosophiques, psychosociales, sociologiques… tant la question d’Abraham touche de domaines divers depuis que l’homme est parvenu à écrire les textes fondateurs des trois monothéismes.
Le Patriarche est certainement l’une des figures sur laquelle l’exercice de l’imaginaire a le plus produit, débordant largement les contours de la Méditerranée où les récits de sa pérégrination ont pris racine, pour s’étendre à tout le monde monothéiste.
Pour illustrer mon propos, j’ai sélectionné diverses publications récentes ou à paraître en France, qui soulèvent cette problématique. J’y ajouterai mes recherches personnelles qui seront éditées prochainement.

Si l’existence d’Abraham n’est pas véritablement remise en cause jusqu’au milieu du XXe siècle, depuis quelques années les travaux qui osent soulever la question se font plus fréquents. Des ouvrages de scientifiques bien sûr, d’intellectuels, mais aussi, et il convient de le souligner, des ouvrages de rares auteurs musulmans, d'un courant réformateur embryonnaire, j'ajouterai courageux.
Brigitte Lion, maître de conférence en histoire du Proche-Orient ancien à l’Université Paris I, Panthéon Sorbonne, a publié en septembre 2004 un texte intitulé « les Mythes mésopotamiens et la Bible où elle procède à une lecture parallèle entre l’histoire de l’évolution politique des royaumes d’Orient du IIe et Ier millénaire, avec de grandes mythologies et légendes mésopotamiennes, confrontées à la rédaction de la Bible.

Tenant compte du corpus des livres sacrés des trois monothéismes la majorité des spécialistes qui s’aventurent à matérialiser Abraham, situe le Patriarche entre 1800 et 1700 avant notre ère. Des découvertes archéologiques dans la région de la Mésopotamie du sud, en 1854, par le Consul de Grande Bretagne, Taylor, puis par sir Léonard Woolley qui dirigeait une expédition du British Muséum et de l’université de Philadelphie de 1923 à 1933, sont venues confirmer l’existence de la ville d’Ur des Chaldéens, celle-là même citée dans la Bible. De la même manière et dans le même temps, Woolley apportait la preuve scientifique de l’existence du Déluge.
Simultanément, la Babylone des prophéties bibliques était découverte. La presse de l’époque a donc conclu un peu hâtivement, que toute la Genèse traduisait des faits avérés. Le personnage d’Abraham, immatériel jusque là, devenait une réalité tangible qui s’inscrivait au milieu de peuples qui n’en finissaient pas d’inventer des dieux.

La démonstration de Brigitte Lion va dans le sens de celle des publications récentes de plusieurs autres chercheurs contemporains, dont Bottéro, Glassner, Joannès, tous spécialistes du monde mésopotamien, confirmant le point de vue de certains biblistes tel Jacques Briend, de l’institut catholique de Paris, hypothèse à laquelle j’adhère et que je prolonge.
Brigitte Lion souligne combien les redécouvertes des sites et des textes du Proche-Orient ancien, ont eu de profondes répercussions sur les études bibliques. Imaginons : Ninive découverte! Babylone révélée! Ur sortie des sables! Le déluge prouvé scientifiquement ! Tout cela apparaissait comme la confirmation de ce que la Bible attestait, lui donnant pour la première fois un cadre historique. Lion souligne combien ces découvertes créèrent un véritable choc, jusque dans le monde scientifique : la Genèse rapportait donc un récit authentique, donnant une réalité aux grandes figures, depuis le pacte originel passé entre Dieu et Adam, jusqu’à l’apparition du messager, le Patriarche Abraham, et de ces successeurs immédiats.

Pour ce qui est du Déluge, l’auteur apporte quelques remarques importantes qu’il convient de restituer dans le contexte culturel de l’époque, en demeurant attentif aux références culturelles : L’histoire d’un cataclysme universel circule depuis des millénaires avant notre ère. Ces immensités submergées résultent vraisemblablement de la fonte glacière intervenue avant le VIIe millénaire. La trace s’en serait-elle alors inscrite dans la mémoire des hommes doués d’intelligence, qui lui en auraient attribué un sens divin et religieux ? Le déluge est l’un des thèmes favoris de la littérature cunéiforme sumérienne et la fabuleuse Épopée de Gilgamesh, texte retrouvé dans la fameuse bibliothèque de Ninive, relate cet ouragan dans un poème épique et somptueux de trois milles vers. Il constitue la plus ancienne œuvre littéraire découverte à ce jour, antérieure de plusieurs siècles à l’Iliade et au Mahâbhârata.
Au texte de Brigitte Lion, j’ajoute une courte mise en perspective de l’Épopée de Gilgamesh et du Déluge de la Genèse biblique, où l’on constatera que les rédacteurs de la Bible ont exploité un fond commun à tous les lettrés anciens du Proche-Orient.

L’Epopée de Gilgamesh, raconte la quête du héros pour la vie éternelle, ainsi que la destruction de l’humanité devenue mauvaise afin qu’elle renaisse et devienne meilleure. Or c’est à peu de mots près la narration du Déluge rapporté dans la Genèse.
Dans le texte sumérien, Gilgamesh part à la quête de l’éternité et rencontre son ancêtre Uptanapishtim. Ce dernier lui relate la confidence que lui a faite Ea, le dieu qu’il vénère : l’ensemble des divinités s’apprête à détruire l’humanité par un déluge.
Ce passage décrit un cataclysme étonnamment semblable à celui que vont « révéler » la Bible et le Coran.
Tout y est. De la motivation, à la conclusion : les hommes sont devenus trop nombreux et trop bruyants. Ils empêchent le Seigneur des dieux de dormir. Ea donne à son protégé l’ordre de bâtir une arche salvatrice. Il lui précise même le détail de la construction, les dimensions et les matériaux à utiliser, planches et bitume. L’histoire se poursuit avec l’embarquement de sa famille et des spécimens d’animaux, l’ouragan et la renaissance de l’humanité. Quand l’ancêtre de Gilgamesh, Uptnapishtim veut s’assurer du repos des eaux et envoie une colombe, puis une hirondelle et enfin un corbeau qui ne revient pas, Noé dans la Bible, lâche un corbeau puis deux colombes, dont la seconde lui apporte une feuille d’olivier. Et il en va ainsi jusqu’à la fin du Déluge, jusqu’aux hommes engloutis par l’eau et l’argile. Le parallèle est édifiant.

Revenons au texte contemporain de Brigitte Lion qui additionne ainsi quelques exemples de similitudes entre les deux corpus, comme celui de la légende mésopotamienne de l’Épopée de Gilgamesh et celui de la Bible. Il en va de même du poème babylonien de la Création du monde par le Dieu Marduk : le grand dieu de Babylone y organise le monde. Il tranche en deux parties le corps de la déesse Tiamat qu’il a tuée en combat. D’une moitié il forme les cieux, de l’autre la terre. Cela rappelle étrangement la séparation de la Lumière et des Ténèbres, relatée dans la Bible (Gn I, 14-19).
Autre comparaison à laquelle procède Brigitte Lion, toujours dans le poème babylonien de la Création, les divinités modèlent les premiers êtres humains, comme dans la Bible ou Dieu donne le souffle à l’homme et le modèle à son image. Et l’on pourrait ainsi multiplier les exemples.

Que révèle cette démonstration ? Tout simplement que la similitude entre les légendes mésopotamiennes rédigées au IIe millénaire av J-C, et les textes bibliques écrits et réunis entre le IIe siècle av J-C et le IIe, ap J-C, ne sont pas le fait du hasard. Les rédacteurs de la Bible ont forcément subi l’influence de la mythologie babylonienne.
Comme en tout livre, au commencement, il y a … le commencement, constitué de ce qui l’a précédé, de ce qui l’a nourri. En toute littérature de création, on crée rarement d’œuvre totalement originale. L’auteur est empli d’un acquit, d’un vécu qu’il a phagocyté et qu’il va réaménager, consciemment ou inconsciemment, pour en livrer une œuvre nouvelle. Comme on vient de le voir, la rédaction des textes bibliques a été postérieure aux faits, où à la naissance des légendes, de plusieurs siècles, parfois même de plusieurs millénaires, sans compter les ajouts successifs aux écrits originels. D’où les nombreuses confusions et affirmations aléatoires qui en découlent. Ces récits vont même jusqu’à la contradiction et donc jusqu’à l’incohérence.
Ainsi, avec la Bible, pensions-nous lire une littérature épique, lyrique, que l’on croyait inédite, soufflée aux hommes et à Moïse, par le Divin, jusqu’à ce que la lecture des textes antérieurs force le constat. Aujourd’hui les rédacteurs de la Genèse seraient condamnés pour plagiat.

Un texte de Pierre Gibert, directeur de recherches en Sciences religieuses, paru en France en septembre 2004, porte pour titre : La Bible est née à Babylone ? A quoi il ajoute : « depuis une dizaine d’années s’est affirmée cette évidence ».
Les rédacteurs de la Bible n’ont-ils pas hérité de la culture de l’exil ? Hypothèse qui dépasse aujourd’hui les milieux scientifiques.

Arrêtons-nous un instant à la déportation de Babylone, imposée aux juifs par Nabuchodonosor II entre 957 et 582 avant notre ère.
Elle dure plusieurs décennies. Prisonniers, les juifs sont libérés en 539 et reviennent progressivement vers Jérusalem, vraisemblablement imprégnés de la mythologie assyro-babylonienne dont l’Epopée de Gilgamesh, antérieure à eux de plus d’un millénaire. Ils auraient relaté de générations en générations, jusqu’aux rédacteurs de la Bible qui l’ont restituée dans l’épisode du Déluge. Par ce transfert d’un texte d’origine humaine à une attribution divine, les rédacteurs vont ainsi rédiger un chapitre essentiel, la Genèse, aux sens multiples : une mise en garde envers les hommes, doublée d’une vision symbolique, par la première Alliance de Dieu avec ses créatures, à travers Noé.
L’humanité porte-t-elle la responsabilité de son apocalypse ? Le Déluge, la tour de Babel… ? Un seul Juste peut sauver le monde, qui n’est mis en danger que par les hommes. Et ce rôle de sauveur dévolu à Noé, on le retrouvera plus tard incarné par Abraham, auquel restera accolé l’annonce d’un destin, ainsi qu’une thématique forte, celle de l’unité des hommes.

La toute puissance et grandiose cité de Babylone, point de convergence des langues et des peuples, impressionne grandement les Juifs déportés qui n’ont rien connu de semblable dans la Jérusalem de leurs origines.
Le récit biblique prend alors un sens symbolique que les rédacteurs auraient voulu assez fort pour frapper les esprits.
La fascination-répulsion éprouvée par les déportés devant la magnificence et la volonté hégémonique de Babylone, a pu inspirer, comme on l’a vu, les rédacteurs du Livre. Ils auraient ainsi récupéré la chute historique de Babylone, bien postérieure à leur passage. Les divers envahisseurs ont eu raison de la ville et de la tour. Notamment par la destruction de Xerxès (510-465). Les rédacteurs auraient donc travesti la réalité, et l’aurait aménagée au profit de leur peuple, et au profit plus tard de l’ensemble des Juifs et des Chrétiens.
En instrumentalisant l’histoire, attribuant la destruction de Babylone au châtiment divin, ils démythifient ainsi la cité de l’idéal et laissent le soin aux hommes d’en tirer un sens philosophique.
Les faits sont donc postérieurs à l’exil, la rédaction de ces faits est également post-exilique, mais peu importe les sources ou les emprunts. La littérature des rédacteurs doit être porteuse de sens, quel que soit le mode d’inspiration, inspiration divine, comme il est dit traditionnellement ou inspiration d’intelligence humaine.

Mais alors pourquoi l’imaginaire invente-t-il de tels récits ?
A quel moment et pour quelle nécessité, les rédacteurs ont-ils éprouvé le besoin d’écrire ce récit épique, malgré ses contradictions, ses invraisemblances ?
L’exil a été ressenti comme une déchirante épreuve, qui a catalysé de très nombreuses questions et douleurs chez les déportés : la perte de la terre des ancêtres, notamment. Ainsi se sont imposées des nécessités intérieures et extérieures. Pierre Gibert souligne à juste titre qu’il convient de compter également avec les inventions idéologiques des rédacteurs, qui ne se préoccupent pas de l’histoire.
Au retour de l’Exil, il fallait absolument reconstituer l’unité du peuple, dont beaucoup d’individus préféraient rester à Babylone où ils avaient découvert, comme on l’a vu, une toute autre vie, plus attractive que celle qu’ils avaient connue à Jérusalem. Il était urgent de bâtir une doctrine, redonner à ce peuple la conscience de sa patrie et de sa foi au milieu des influences de l’Empire Perse et de l’Hellénisme. La réflexion va donc s’imposer vers les Ve et IVe siècle. Et la rédaction d’une synthèse empruntant ses modèles aux différentes traditions va aboutir aux textes de la Bible.
Le peuple juif commençait à bâtir une histoire en remontant dans le temps avec des Patriarches, auxquels il allait attribuer des rôles éminents dont le Dialogue avec Dieu, l’Alliance, la Loi etc., fécondant ainsi un corpus littéraire fondateur qui servirait aux générations présentes et futures.

Comme on peut le constater, les grands thèmes bibliques de la Genèse, Adam, Ève, Noé, le Déluge… traduisent pour certains récits des adaptations de faits avérés ou de légendes existantes, quand pour d’autres, ils ne constituent que le pur produit de l’imaginaire.

L’apparition d’Abraham répond-elle au même schéma ?
Dans l’ouvrage que je rédige actuellement, l’un des chapitres aborde la question de l’apparition du Patriarche, cherchant à déterminer s’il tient de la réalité ou de la fiction.

Dans l’Ancien Testament, les évocations de son existence sont nombreuses. Elles apparaissent principalement dans la Genèse, et pour la première fois, au chapitre XI-26 : Térah (descendant de Noé par Sem) (…) engendra Abram, Nahor et Haran. Trois fils. A noter, trois fils comme Noé.
Avant l’Exil, les hommes inventent sans cesse de nouvelles divinités, qui ne leur apportent pas de réponse rassurante. Les rédacteurs de la Bible ont besoin d’une image forte, frappant les esprits, l’image d’un père unificateur et intercesseur peut présenter une alternative au polythéisme.
Plusieurs hypothèses :
Abraham réalité :
- N’écartons pas cette hypothèse la plus répandue chez les croyants, celle d’un seul et même homme, figure bien réelle dont à ce jour la preuve de l’existence n’a pas pu encore être apportée par la science. Il aurait existé et tous les rôles que lui attribuent les Ecritures, sont à considérer comme de l’histoire.

Abraham fiction :
- Abraham pourrait aussi résulter du produit d’une culture en mal de foi, une création des hommes en désir de Dieu, la nécessité de se reconnaître dans le Créateur. Freud ne place-t-il pas le besoin religieux, hérité d’Abraham, dans le besoin de protection par le Père ?
Abraham serait alors le fruit de l’imaginaire, le fruit d’une invention pure et simple, celle d’un personnage symbole créé pour répondre à un besoin. Il constituerait ainsi la résultante élaborée d’un imaginaire collectif, qu’on pourrait appeler imaginaire-besoin, infondé objectivement. Un phare bâti de toutes pièces, auquel on va confier le rôle emblématique de messager, lui inventant une vie et une histoire. Un mythe à figure humaine, auquel on attribuera des facultés surhumaines : son dialogue avec Dieu, par exemple, pour n’en citer qu’un. Un Patriarche imaginé par les rédacteurs de la Genèse pour symboliser la croyance des hommes en Dieu. Peu à peu, cette création, fruit de l’imagination-besoin, ce personnage virtuel, va s’inscrire dans l’inconscient collectif comme une réalité, au point qu’elle sera portée dans les Livres des religions monothéistes, deviendra indiscutable et indiscutée puisque « parole divine », et produira une littérature fascinante, jusqu’à nos jours et bien au-delà.
Si Abraham est une invention, une stricte création des hommes pour donner à l’humanité une conscience nouvelle, quel extraordinaire hommage à la formidable puissance de l’imaginaire !

Abraham composite de réalité et de fiction :
- Peut-on raisonnablement penser que le personnage d’Abraham ait été inventé de toutes pièces? Ne pourrait-il pas être le fruit d’une réalité née sur les lieux et à l’époque où le mythe aurait pris naissance ? Dans les transhumances des groupes sémitiques nomades un (ou plusieurs) homme-lige, charismatique, a pu effectivement laisser une empreinte. En adaptant la vie de l’un ou de plusieurs de ces personnages ayant existé, en créant un amalgame entre le réel et l’imaginaire collectif, on aurait construit un être idéal exaltant l’individu, dont on aurait adopté l’image emblématique, ou même le composite de plusieurs, pour y inscrire un besoin de croyance, lui attribuant des réponses aux questions essentielles.
On assisterait ainsi à l’aboutissement cumulé de l’histoire et du besoin spirituel des hommes, mêlé à des narrations épiques, selon le mécanisme que l’on a constaté à la lecture parallèle de l’Épopée de Gilgamesh et du Déluge biblique.

Qu’il soit mythique ou historique, le Patriarche représente aujourd’hui, incontestablement, le plus fort symbole unificateur des religions monothéistes, celui qui a cru en la perfectibilité de l’homme et l’a tiré de son assoupissement.
Qu’il ait ou non existé, devient subsidiaire puisque depuis son apparition il fait communier les individus sur une croyance nouvelle, mobilisatrice, puissamment suggestive dans son ellipse même.

D’Abraham on ne sait rien disent les scientifiques, pourtant il demeure intensément vivant.
Affirmer que rien n’établit son existence ne démontre pas pour autant son inexistence et, à défaut d’être né, Abraham aura un authentique destin qui embrassera tous les âges suivants.

René Guitton

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